Paroles et
MUSIQUE

Odyssée humaine

Depuis la naissance de l’humanité, le rythme, les mélopées, les chants ont servi de base à la communication et à la transmission. On pense que les chants modulés, les intonations sont arrivés avant la parole. Dans de très nombreuses civilisations, le chant et la musique font encore partie du quotidien et tiennent une place importante dans les rites sociaux, familiaux : particulièrement dans les relations entre les adultes et les enfants. D’ailleurs lorsque l’on tient un enfant dans les bras, souvent on ressent naturellement l’envie de chanter, de le bercer… C’est à la fois culturel et inné : cela crée un lien particulier avec l’enfant. Mais chez nous aujourd’hui force est de constater que les traditions de transmission orale (comme le cas des chants de maternage et des comptines enfantines) disparaissent de la pratique et des mémoires avec, à la clef, bien sûr une perte culturelle indéniable, mais aussi une perte de support de développement pour l’enfant.

Chanter ou écouter ?

Partager ! Pour un tout petit, le support principal de la musique doit être une personne, pas un appareil. La musique est un vecteur de sentiments, pour un petit, elle ne peut être comprise que si elle est partagée, amenée par un adulte. Même s’il ne comprend pas les paroles, mieux vaut une petite berceuse, même chantée faux par un parent, que de la musique générée par une qui pour l’enfant aura beaucoup moins de sens. On peut aussi prendre le temps de partager l’écoute de musique avec l’enfant et ainsi de créer un échange qui donne du sens. Cela élargit petit à petit progressivement le bagage culturel de l’enfant.

Qu’est-ce que l’éveil musical alors ?

L’éveil musical se fait alors lorsque l’enfant est bercé, participe, reconnaît une voix, ressent les émotions, identifie les intonations. Les touts petits se construisent par la rencontre, la découverte. Toute nouvelle expérience, nouvelle sensation, non seulement stimule le sens concerné, mais s’ajoute également aux autres pour participer à sa construction. Partagé avec un proche, l’éveil musical n’éduque pas que les oreilles, c’est un chemin de découvertes amusant à parcourir à deux. Commencer avec un groupe, en consultation, par exemple, apprend à l’enfant les notions d’ensemble, d’écoute… Pour les enfants dont les parents ne parlent pas le français, il représente un accès à la langue (et pour les parents aussi).

Quand commencer ?

Bercer l’enfant dès sa naissance, en fredonnant votre chanson préférée… et continuer pour rythmer ses journées, au moment du bain, de l’endormissement… les enfants aiment les rituels, ces moments peuvent avoir des effets apaisants, car ils rassurent et on sait qu’un des besoins fondamentaux du petit enfant est de se constituer un sentiment de sécurité de base. Ainsi, les chants de maternage jouent un rôle fondamental dans l’élaboration d’un lien signifiant entre la mère et l’enfant.

Comptines pour grandir…

Le rythme binaire des comptines plait aux tout-petits, il leur rappelle les rythmes biologiques perçus dans l’environnement fœtal : battement de cœur maternel, respiration… et puis les comptines mettent des mots sur le ressenti de l’enfant : colères, peurs, angoisses et parfois aussi violence… Elles exercent aussi sa mémoire et ses capacités cérébrales : à travers les reproductions de rythmes, l’enfant accède aux concepts de temps, de partage du temps, avant, après, pendant… et donc aux mathématiques. À travers les comptines et jeux chantés et dansés, l’enfant apprend à connaître et maîtriser son corps et développe son langage. Et puis, il y a le plaisir du partage, c’est très gai de reprendre ou jouer en choeur avec l’autre, pour autant qu’on ne vise pas la performance: non aux jeunes prodiges : la musique doit rester ludique ! Plus tard, l’enfant apprendra que pour créer ensemble de la beauté, il faut être capable d’accepter certaines règles, écouter l’autre, le respecter, commencer ensemble, faire silence… Le but n’est pas d’en faire des musiciens ni des chanteurs, mais de les amener à prendre confiance en eux et à développer leurs propres capacités créatrices.

Paroles et musique

Cette relation parent enfant sur un mode non verbal vient soutenir l’apprentissage du langage : l’écoute de chanson chantée par la mère met en éveil, outre les zones de l’audition et du langage, des parties du cerveau directement en lien avec le développement cognitif et affectif soit bien plus de zones dans le cerveau de l’enfant que celles touchées en cas d’audition d’un CD de Mozart… L’enfant entend les mots, mais ne leur donne du sens que lorsqu’il y associe une émotion, une intonation, une voix qu’il connaît dans une relation rassurante : les comptines, le bercement, l’éveil musical participent donc bien à cet apprentissage… la musique enregistrée à d’autres atouts, mais elle n’a peu de sens pour un tout petit…

Merci à toutes les personnes qui ont contribué à cette réalisation.