Le sens de l'interdit
Règles et limites
Eduquer, délimiter, encadrer : ce n’est pas uniquement savoir dire non ! C’est aussi soutenir et accompagner en instaurant pour l’enfant une série de repères, de routines, de rituels, qui lui permettent de se sentir en sécurité. Les premiers mois, on répondra rapidement aux appels du bébé, cela lui permettra de construire sa sécurité intérieure et de donner sa confiance. Puis, peu à peu, on introduira de courts délais dans la réponse : ce seront là ses premiers « non. » Mais il faudra toujours les accompagner d’une explication, de mots … « J’arrive, je te prépare ton repas… » Cela lui permettra d’attendre. Encouragé par les mots, rassuré par les rituels, l’enfant va apprendre à anticiper, à se repérer dans le quotidien et surtout comprendre qu’il est « autre » que son parent, qu’il n’est pas le centre du monde et que les autres ont aussi des besoins.
Je suis un autre
Lorsqu’il commence à se sentir un autre, cela peut générer chez lui un peu d’anxiété. Il faut à la fois l’aider à se socialiser et lui offrir un cadre suffisant pour assurer sa sécurité. Il doit savoir que ses parents sont là pour lui – et d’ailleurs il teste souvent leur disponibilité- mais qu’il a aussi le droit de s’éloigner et d’explorer le monde qui l’entoure. Ce qu’il ne peut faire que s’il se sent en confiance et ce qui ne se fera pas sans se confronter à des limites : celles que son corps et ses capacités lui opposent, mais aussi celles instaurées par les parents pour sa sécurité et sa socialisation.
Le plus frustré des deux…
C’est parfois le parent, car il faut apprendre la frustration à l’enfant et c’est difficile. Non seulement, il faut aller contre son cœur – même si dire non est un acte d’amour, ce n’est pas spécialement agréable,- mais il faut aussi garder son calme et rester ferme. Ce qui peut être un véritable challenge, lorsque l’on est fatigué, que l’enfant teste nos limites ou entame la fameuse période du Non ! Pas de solution miracle : rester cohérent, assumer la frustration de son enfant comme une part du travail d’éducation et surtout garder son calme !
Apprendre et intégrer les règles et les limites
C’est un travail au long cours pour l’enfant. Il faut respecter son rythme, il n’a d’abord pas le choix, puis obtempère pour faire plaisir ou par crainte de déplaire pour enfin commencer à s’interroger et à intégrer la nécessité et la raison du cadre, entre 3 ans et demi et 5 ans. A cette période, il reste dépendant du regard de l’adulte et respecte donc davantage les règles en sa présence. Il est utile de les lui répéter et de leur donner du sens : cela soutiendra l’enfant dans sa démarche d’apprentissage et l’aidera à progressivement les faire siennes.
L’âge de raison
C’est vers 7 ans, quand l’enfant a intégré le fait que chaque lieu a ses règles, son cadre… Il devient raisonnable : il est capable de respecter la règle même loin des yeux des adultes, parfois il en invente de nouvelles – dans les jeux, par exemple- mais cela n’empêche qu’il a toujours besoin du soutien des parents pour comprendre les raisons de certaines limites. C’est aussi le moment où il va tenter de renégocier et il faudra bien lâcher un peu du lest pour certaines choses et créer de nouvelles règles adaptées à ses nouvelles compétences et à son nouveau mode de vie (école, devoirs, activités parascolaires…)
Pourquoi placer des limites et des repères ?
Comment et quand placer ces limites ?
Que faire quand l’enfant ne respecte pas les limites et qu’est- ce qu’une sanction ?
Comment dire non et garder sa position ferme, en tant que parent ?
Les enfants peuvent-ils comprendre que les règles ne sont pas les même partout ?
Ferme et souple...
Mode d'emploi...
Dans les règles
La règle doit être dictée de façon claire simple et positive : range tes jouets dans le coffre, plutôt que ne laisse pas trainer tes affaires. Attention au « non verbal » : si c’est important, on ne l’explique pas en riant ou distraitement. Cela ne veut pas dire qu’il faut le faire sur un ton fâché non plus ; il faut juste le faire avec conviction. Mais attention, le cadre n’est pas que restrictions : complimenter l’enfant qui le respecte, c’est aussi lui apprendre à intégrer la règle et savoir dire non c’est aussi savoir dire oui ! De la même façon qu’un non ou une règle doit être ferme (mais bienveillant,) un oui doit l’être aussi. Si l’on délimite un cadre, c’est pour sa sécurité physique et morale, le restreindre ou le modifier en cours de route risque de le perturber et de faire naître chez lui un sentiment d’injustice.
La sanction
Elle apprend à l’enfant que le non respect des règles a des conséquences. Mais attention, c’est bien l’acte qui est condamné, pas l’enfant : une fois la sanction appliquée, on doit retourner à une relation positive et ne pas rester fâché. Idéalement, il faut l’annoncer en même temps que la règle et l’appliquer immédiatement après l’acte. Elle doit être adaptée aux capacités de l’enfant, juste (en tenant compte de la situation) et en aucun cas ne porter atteint à l’intégrité physique ou morale : ni humiliante ni vengeance de la part de l’adulte qui l’applique dans le calme, sans mots blessants qui peuvent faire bien plus mal qu’une punition. Enfin, lorsque les circonstances s’y prêtent, il faut essayer de lui donner du sens : qu’elle soit de l’ordre de la réparation : tu as arraché la tête de deux poupées de ta sœur, tu vas donc lui donner deux des tiennes…
L’escalade
Le pire des scénarios, la hantise parentale ! Bien sûr que l’on a raison, mais cette petite tête de mule ne veut rien entendre. Ben oui, et c’est bien à l’adulte, raisonnable, de réfléchir et pas à cette petite tête de mule qui n’a que l’opposition ou la crise de colère pour s’exprimer ! Donc, toujours se poser ces questions : qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi ? Que faire ? Et que faire si ça ne marche pas ?
Tout d’abord réfléchir avec l’enfant, lui rappeler comment cela s’est passé la dernière fois qu’il a agit de la sorte, dialoguer pour lui permettre d’exprimer sa colère, son besoin, dire qu’on l’entend mais qu’il n’est pas possible d’y répondre là, maintenant, comme ça, pour telle ou telle raison – que l’on est occupé, que l’on a, soi aussi des besoins et que les siens ne passent pas toujours en premier. Le distraire : parfois c’est juste que la situation est intenable pour lui : il est fatigué et incapable de se trouver seul une autre occupation, il faut donc se mettre un peu à sa place et ruser en proposant une autre activité. Le rassurer: en cas de grosse crise, de fatigue ou de malaise, il a peut être juste besoin d’un présence bienveillante qu’il ne peut exprimer autrement: rester avec lui jusqu’ à ce qu’il trouve le calme. Changer de sujet en disant je n’ai pas envie de me disputer avec toi, je ne change pas d’avis, on en a déjà parlé et maintenant on passe à autre chose. Instaurer un système d’alarme avant d’arriver à la sanction : genre je compte jusqu’ à 3… En fait, l’idée n’est pas de céder à sa demande mais de lui offrir une porte de sortie. Bien sur, parfois, on n’est pas disponible, pas d’accord et il doit l’accepter ; mais cela peut être dit avec amour et bienveillance en lui offrant des alternatives.
Au rayon colères
Autre scène mythique, le démon hurlant se roulant par terre dans le supermarché…
On l’abandonnerai bien là, en disant : c’est pas le mien, mais comme on l’aime, c’est difficile. La crise des courses n’est pas systématique, on peut même mettre en place de quoi la prévenir :
Tout d’abord en choisissant le bon moment : pas à l’heure de la sieste ou du repas et en emportant de quoi l’occuper. On peut aussi lui confier des missions : nous rappeler la nourriture pour le chat, le shampoing qui ne pique pas les yeux… Plus grand, lui permettre de conduire un petit caddie dans lequel il mettra ce qu’on lui demande (éviter les jours où on est pressé.)
Mettre des limites avant de partir, avec sanction à la clef : dire j’ai une liste et je n’achèterai rien d’autre (s’y tenir !) Programmer quelque chose de sympa avec lui après. Et si ça se déclenche, se demander ce qu’il lui arrive (fatigue, ennui, faim..) lui demander de s’expliquer, dire « je comprends que tu as envie de ce jouet – il est ainsi reconnu dan son désir- mais ce n’est pas ce qui était convenu, on termine et on rentre. Enfin, éviter les phrases définitives, (style : c’est la dernière fois que je te prends avec moi , car il est évident qu’on ne s’y tiendra pas) ou blessante (façon : tu es vraiment méchant, tu me fais honte…) Regarder devant soi, sourire à la caissière, aux parents qui ont déjà vus ça et tenir bon !
A bout de nerfs ?
Parce qu’il n’y a pas de parent parfaits, parce que les enfants aujourd’hui sont pas ceux que nous étions, parce que parfois, on n’a plus le courage d’avoir à argumenter sur tout.. Il y a des professionnels pour vous soutenir, la TMS de l’ONE mais aussi les accueillantes à la crèche et puis des lieux, comme les maisons d’accueil enfant parent ou rencontrer d’autres adultes confrontés aux même soucis, et aussi la famille, les proches et des groupes de parents. Surtout ne pas rester seul, si dire non est un acte d’amour, reconnaître que l’on est épuisé d’avoir à le répéter sans cesse avant de commettre l’irréparable en est un aussi !
Comment éviter que les courses ne tournent au drame?
Il raconte une crise de colére de sa fille pendant les courses…
Les règes et les exceptions
Documentation sur le sujet