ÉDUCATION
Jeux vidéo citoyens?

Des outils de réflexion et d’éducation

Les jeux vidéo ont envahi notre vie et surtout celle de nos enfants, des écrans de télévision à ceux des ordinateurs, tablettes et smartphones. Longtemps critiqués pour leurs effets potentiellement négatifs, leurs vertus pédagogiques et éducatives ont progressivement gagné en reconnaissance. Plus que de simples divertissements, ils peuvent en effet être de véritables outils éducatifs capables d’enseigner aux enfants et aux jeunes des valeurs essentielles à la vie en société et à la citoyenneté. En développant des compétences telles que le respect des règles, la coopération, l’empathie et la responsabilité, ils les préparent à devenir des citoyens actifs et conscients des enjeux qui les entourent. Toutefois, comme tout média, leur utilisation doit être encadrée et réfléchie pour maximiser leurs bénéfices éducatifs.

Vous avez dit «citoyens»?

Aujourd’hui, certains jeux vidéo ne se contentent plus de proposer une échappatoire ludique: ils sensibilisent, éduquent et participent à la construction d’une conscience citoyenne. Ces jeux dits «citoyens» abordent des thématiques essentielles telles que l’écologie, la politique, la solidarité et la responsabilité sociale. On trouve, par exemple, des jeux qui mettent les joueurs dans la peau d’un dirigeant politique (ils doivent gérer un pays en prenant des décisions sur des questions comme l’éducation, la santé et la fiscalité, tout en composant avec l’opinion publique) ou qui les plongent dans le quotidien d’un agent de l’immigration d’un pays totalitaire. Plusieurs jeux citoyens sensibilisent les joueurs aux problématiques écologiques ou abordent des thématiques liées à l’identité de genre, au harcèlement et aux inégalités.

Une nouvelle manière de s’engager

Face à leur impact grandissant, les jeux vidéo citoyens intéressent désormais les institutions éducatives et politiques. Certaines écoles les intègrent dans leurs programmes pédagogiques et des associations les utilisent comme outils de sensibilisation. De plus en plus de studios indépendants se spécialisent dans ce genre, mettant l’innovation au service de causes sociales. S’ils restent avant tout un loisir, leur capacité à éveiller les consciences et à initier des discussions sur des enjeux majeurs ne fait plus de doute. Dans un monde où l’interactivité devient reine, ces jeux citoyens ouvrent la voie à une nouvelle manière de s’engager, à la croisée du virtuel et du réel.

Analyse et création

À Bruxelles, l’association Arts&Publics s’est emparée de ce médium, dans le cadre de sa Maison des cultures vidéoludiques Zinne Games, pour en faire l’outil pédagogique d’une approche de médiation plurielle, créative et innovante, pour et par les jeunes générations. Elle organise des ateliers dans les écoles, avec le secteur associatif (écoles de devoir, maisons de jeunes, maisons de quartier, A.M.O.). Il s’agit principalement d’ateliers d’analyse et de création de jeux vidéo sur un mode participatif ainsi que d’ateliers d’appropriation et de réinterprétation de jeux existants. Organisés en petits groupes avec des enfants et adolescents de 9 à 18 ans, et proposés sous forme de stages, par exemple en période de vacances scolaires, ou selon un calendrier de séances hebdomadaires (à raison d’une après-midi ou d’une matinée par semaine), ces ateliers associent des moments d’échanges et de débat sur une thématique donnée, des analyses de jeux existants comme source d’inspiration ou de critique, des séances de création de jeu sur PC et se terminent par un débriefing.

À côté de cela, l’ASBL mène de nombreuses activités autour du jeu vidéo comme support pédagogique et comme objet social et culturel, entre autres, à travers des formations professionnelles, de l’accompagnement de futurs médiateurs et animateurs numériques, l’organisation de rencontres-débats, de journées d’étude et d’un festival grand public bisannuel.