SANTÉ
Frein de langue?

Le frein de langue, c’est quoi?

Le frein de langue est une petite membrane qui relie la partie inférieure de la langue au plancher de la bouche. Lorsqu’il est trop court ou trop épais, il peut gêner la mobilité de la langue et entraîner des difficultés d’allaitement, des pleurs, des coliques, du reflux gastro-œsophagien, un sommeil difficile pour le bébé… et les jeunes parents. Cette anomalie congénitale bénigne a, en général, très peu de conséquences. La plupart des nourrissons qui en sont atteints sont asymptomatiques et n’éprouvent aucune difficulté pour se nourrir.

Une frénectomie, pourquoi?

En cas de difficultés lors de la tétée, certains professionnels proposent une solution radicale: la frénectomie qui consiste en l’ablation complète du frein de langue (à ne pas confondre avec la frénotomie qui est une incision au niveau du frein afin de le rallonger). Or, les difficultés d’allaitement qui justifieraient de couper ce frein pour «libérer» la langue ne concernent que 0,8 à 2 nouveau-nés sur 1000. Malgré cela, en 2020, les ablations du frein de langue chez les enfants de moins de 2 ans ont doublé par rapport à 2018. La tendance dépasse nos frontières et inquiète de nombreux spécialistes de la santé.

Quelles conséquences?

Ces interventions peuvent entraîner des répercussions graves chez le nourrisson. Ainsi, on a pu observer des interruptions brutales de l’allaitement, ainsi que l’apparition de troubles alimentaires avec des répercussions sur la croissance, des infections nécessitant parfois une hospitalisation, des hémorragies, des freins qui se reforment en cicatrisant plus fibreux et épais, formant une «bride cicatricielle». Par ailleurs, une frénectomie coûte entre 350 et 1000 euros – et est peu remboursée par les mutuelles. Sans compter les frais supplémentaires en cas de complication !

Bien informer les parents

L’ablation du frein lingual est trop souvent présentée comme une solution miracle. Or, selon plusieurs études, les taux d’allaitement ne progressent pas proportionnellement au nombre de ces interventions, elles pourraient même, au contraire, provoquer un sevrage précoce. Avant d’envisager une frénectomie, un accompagnement à l’allaitement maternel peut être proposé aux mamans par des professionnels afin de faciliter la mise au sein, d’expliquer la lactation, etc. Dans tous les cas, les parents doivent absolument être correctement informés des conséquences de l’intervention et la décision exige un haut niveau de compétence clinique.