BANDEAU TITRE 1
Un peu d’histoire
En 1951, Donald Winnicott, psychanalyste, développe la notion d’objet transitionnel. Cet objet peut être, par exemple, le doudou. C’est un des premiers objets qui est à l’enfant sans être l’enfant, c’est sa première possession. Quelque chose qui n’est pas lui, mais lui appartient et il le choisit en général au moment où il comprend/ressent qu’il est différent de sa maman : non pas partie d’elle, mais en relation avec elle… Progressivement, l’enfant va nommer l’objet et va se donner le droit d’entrer en « relation » avec lui, tout cela avec l’autorisation voire l’encouragement des parents. Câlins, confidences, tortures… rien n’est épargné à doudou. Puis, petit à petit, ce compagnon perdra son intérêt, sa signification. L’enfant va « l’abandonner », mais grâce à lui, il aura pu faire sa première expérience vécue.
Sacré, mais pas magique
Le doudou, pour l’enfant, c’est l’autonomie de sentiments : d’abord c’est lui qui le choisit, le plus souvent parmi la multitude de petits jouets et peluches placés devant ses yeux dès la naissance. Bien sûr, on peut influencer et certains parents essayent : mais c’est son choix : il doit l’élire. C’est comme « un ami » et ses amis, on les choisit. Ce doudou, investi de super pouvoirs de réassurance et d‘écoute, permet à l’enfant de gérer les moments difficiles : les émotions un peu fortes, comme la séparation au moment de la mise au lit ou lorsqu’il doit aller à la crèche… Il peut être matériel (peluche, couverture, sucette ou foulard de maman) ou immatériel (une petite chanson que l’enfant se chante, sucer son pouce ou tourner ses cheveux.) Et il faut savoir que certains enfants s’en passent très bien.
En cas de perte
Il faut accepter le chagrin de l’enfant. Ne pas promettre de le retrouver, juste de le chercher… Mettre des mots là-dessus, quel que soit son âge : pour qu’il apprenne à formuler ce qu’il ressent. Compatir à sa peine, mais ne pas en faire un drame. L’enfant doit apprendre que, dans la vie, on perd des choses (et parfois bien plus que des objets,) cet apprentissage sera moins douloureux si vous l’accompagnez dans ce « deuil » ! Patienter un peu, parfois l’enfant s’en trouve un autre ou s’aperçoit qu’il peut faire sans. S’il est inconsolable, lui proposer d’aller en choisir un nouveau. Le doudou aide l’enfant à retrouver du connu (l’objet investi) de manière à aller vers de l’inconnu, à supporter la séparation d’avec son ou ses parents. Mais l’enfant n’est pas dupe. Ce bout de tissu ou cet objet ne remplace pas son parent.
Ne pas sur investir
On le sait, dans de nombreuses cultures, les enfants se passent de doudou. Dans notre société, on a tendance à lui prêter trop de vertus. Certes, il est sacré pour l’enfant, mais pas magique : c’est juste un grigri pas un super calmant… Trop souvent, on propose doudou à l’enfant alors qu’un câlin ou des mots doux pourraient suffire et les parents sont davantage paniqués que l’enfant à l’idée de l’égarer. Pourquoi mettre le doudou dans les mains de l’enfant à chaque fois que l’on quitte la maison, s’il n’en a besoin que pour s’endormir ? Éviter de créer une dépendance, d’autant que c’est à lui de savoir quand il en a besoin. Si on peut lui proposer dans les moments générateurs d’anxiété : visite chez le médecin, dormir ailleurs…, il ne faut pas en faire la solution systématique à chaque difficulté rencontrée par l’enfant. Le but c’est qu’il devienne autonome et trouve en lui de quoi surmonter ce qui le touche.
Avec et sans
Quand l’enfant grandit, parlez avec lui de l’importance de doudou et du fait qu’il faut peut-être y avoir moins recours, mais c’est lui qui décidera. Il s’en séparera quand il n’en aura plus besoin : ça arrivera… comme ça. Si l’on constate qu’il oublie de l’emporter, éviter de le lui rappeler. Par contre, s’il y est trop attaché et que cela l’empêche de faire des choses comme jouer ou entrer en relation avec d’autres, il faut essayer de comprendre ce qui se passe. Parfois, c’est juste un grand moment de fatigue, ou il se passe trop de choses dans sa vie, certains événements sont plus ou moins perturbants comme l’entrée à l’école, l’arrivée d’une petite sœur, un déménagement… D’autres sont moins compréhensibles, mais il faut essayer de comprendre en quoi ce repère est tellement nécessaire et ce qui peut insécuriser ou angoisser l’enfant… et dans tous les cas : le laisser gérer.
Rituel doudou
Les rituels sont aussi rassurants que le doudou ! On peut en instaurer pour laisser au doudou la place qui lui revient : on lui dit au revoir le matin… En milieu d’accueil, on a bien compris la nécessité de permettre aux enfants de prendre et déposer doudou — presque à loisir — parfois, l’enfant en a besoin, parfois il est plus encombrant qu’autre chose. (Et d’autant plus si les parents sont toujours dans la crainte d’une perte, ce qui pour l’enfant donne au doudou plus d’importance qu’il ne devrait.) Idéalement, à la maison aussi, on devrait installer un espace où l’enfant comme les parents savent où le trouver.
À quoi sert le doudou et comment gérer sa perte éventuelle ?
Faut-il vraiment un doudou ?
Comment gère-t-on le doudou en crèche ?
Quand le doudou est-il nécessaire et faut-il le mettre d’office dans les mains de l’enfant ?
Même si c’est à l’enfant de décider, comment l’habituer doucement à faire « sans doudou » ?
Nous parle du projet « doudou » en cours dans la crèche « Les Pacolets ».
Galerie de doudous
BANDEAU TITRE 3
Mains libres
Établir des règles : avoir doudou en main sans arrêt peut poser problème : comment jouer et veiller sur doudou ? Quand l’enfant grandit, s’il tient à l’emporter partout il faut le responsabiliser : ce n’est pas vous le gardien de doudou : c’est lui ! Inutile de l’emporter à la plaine de jeux ou à table… À la maison, des règles peuvent être établies : pas de doudou à table ni quand l’enfant va aux toilettes. À l’entrée en maternelle, les choses vont changer certaines écoles refusent le doudou en classe, d’autres instaurent des règles claires qui permettent à l’enfant d’entrer en contact avec les autres et d’être ouvert à l’apprentissage plutôt que de rester replié sur son petit monde…
Projets doudou
À la crèche Les Pacolets de la Province de Liége, comme dans d’autres milieux d’accueil, on multiplie les projets qui permettent à l’enfant de gagner en autonomie par rapport à cet objet : le porte-doudou accroché à hauteur d’enfant permet de le ranger en sécurité. Il est là, disponible, on peut le prendre à des moments précis, le déposer quand il encombre et on sait où le retrouver. Au final, cela responsabilise l’enfant par rapport à cet objet qui même investi de pouvoirs magiques, n’en est pas moins qu’un objet !
Chacun le sien
Doudou peut aussi être un objet de rencontre : en crèche, surtout chez les grands, les doudous se comparent, ils sont clairement reconnus comme étant la possession d’un tel et les enfants peuvent décider d’apporter son doudou à l’un d’entre eux s’ils le perçoivent tristes ou en difficulté…
Parents VS doudou
Ne jamais douter de sa capacité à faire mieux que doudou : si un t-shirt portant l’odeur de maman peut suffire à consoler un enfant, que dire de maman elle-même ! Le doudou est utile : en remplacement du parent… Quand vous êtes présent, ne déléguez pas à doudou ce que vous faites mieux que lui !
BANDEAU TITRE 4
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Documentation sur le sujet